Le khène ou l’orgue à bouche est un des instruments de musique très important dans la vie sociale et spirituelle des H’Mong dans la région septentrionale du Vietnam. Dans la langue des H’Mong, le khène est appelé Krềnh.
La Légende du Khène
L’histoire du Khène est liée à une triste légende qui parle des enfants sages et filiaux des H’Mong.
Il était une fois, une famille d’H ’Mong comprenant 6 frères : sages, assidus et très filiaux. Chaque jour, ils allaient à la forêt pour ramasser du bois et pour chasser des animaux et des oiseaux afin de s’occuper de leurs vieux parents. Un jour, la mère était très malade et elle n’a pas pu survivre et elle est morte. Le père et les six frères furent très blessés par sa mort tellement qu’ils ne voulurent pas manger ni dormir. Le vieux père pleura beaucoup si bien qu’il fut épuisé et murit. Les six frères furent vraiment touchés par la mort de leurs parents. Ils continuèrent à pleurer du matin au soir sans arrêter. Ils ne mangèrent rien. Ils furent épuisés et meurent après. Afin de rendre hommage aux 6 frères sages et filiaux, les H’Mongs ont créé le khène comprenant son pan et ses 6 tuyaux. Ces derniers symbolisent l’union des 6 frères. Lors que la musique du khène est envolée, on se sent à la fois éloquent et tragique.

(Le khène, l’ame des Hmong), Photo: Source d’Internet
Il existe autre version concernant la légende du Khène des Hmong.
Il était une fois, une famille de 6 frères qui chantaient très bien et jouaient très bien de la flûte. Lorsqu’ils étaient encore célibataires, ils jouèrent tous ensemble de la flute. Ils fréquentaient dans les festivités pour jouer ensemble de la flûte. En jouant de la flute ensemble, ils créent une très belle mélodie que l’on ressentait agréable tantôt comme les sons du souffler du vent, tantôt tranquille comme le chant des oiseaux, et tantôt puissant comme le bruit des chutes d’eau. Plus tard, lors qu’ils se marièrent, ils ne purent pas être tous ensemble pour jouer de la flute donc la musique devint discordante. Ils ont alors décidé de créer un instrument de musique unique qui se réunit tous les sons de leurs 6 flûtes. Le frère aîné créa du pan. Le second frère conçut le tuyau le plus long. Les frères restant les autres tuyaux. Les 6 tuyaux furent la représentation des 6 frères. Cet instrument de la musique a créé des sons très séduisants. Et cet instrument de musique est le khène des H’Mong maintenant.
Jouer du Khène, tradition de père en fils
Auparavant, les H’Mong utilisaient le khène au service des funérailles. Cependant, de nos jours, les H’Mong le servent aussi dans les fêtes, les mariages et les festivités, etc…Et ils ont aussi inventé les danses et les chants en jouant du khène. D’après la conception des H’Mongs, les filles doivent maitriser la couture, le tissage et la broderie. Quant aux garçons H’Mong à partir de 13 ans, ils doivent savoir jouer du khène en dansant. C’est leur père qui leur apprend à jouer du khène et à danser avec le khène. C’est une tradition de père en fils. Pour jouer bien du khène en dansant, à côté du talent natif, les hommes H’Mong doivent avoir une bonne santé et se former avec patience et assiduité chaque jour.

(Les hommes Hmongs jouent du khène lors de la fête), Photo: Source d’Internet
Comment Créer du Khène ? C’est un travail qui demande du temps
Les Khènes des H’Mong ont deux types : Le khène court qui crée les sons aigues et le long donnant les sons bas.
Les meilleurs matériaux pour la fabrication du khène :
+ Le bois de Siam de la couleur d’ivoire, brillant et résistant.
+ Le chanvre avec la couleur noir-marron (La ceinture des tuyaux du khène est faite de chanvre)
+ Le bambou avec la couleur or brillant
Pour avoir les 3 critères, c’est un travail qui demande beaucoup de temps et aussi de patience. En effet, afin de trouver les matières pour la fabrication du khène, les hommes H’Mong doivent aller dans la jungle entre 3 à 5 jours voire une semaine. Ils choisissent soigneusement les bambous, les bois de Siam ou bien les bois de sapin. Les bambous ne doivent pas être trop vieux ni trop jeunes. Ils sont couverts par la rosée et sont séchés au soleil. S’il n’y a pas de soleil, ils sont séchés à l’étagère-foyer. Les bambous, les bois de Siam et les chanvres doivent tous sécher à la fumée du foyer au moins 2 à 3 mois. Avant d’utiliser les bambous, les hommes H’Mong doivent les essuyer avec le jus de citron ou bien l’eau du riz fermenté. Cela donne la couleur or naturelle des bambous. Ensuite, ils trempent les fils de chanvre dans l’eau pour les rendre tendres et résistants. Le bois de Siam est bien séché pour qu’il n’existe plus d’huile et de résine et encore une fois séché de nouveau au feu.

(Les hommes Hmongs savent toujours fabriquer du khène), Photo: Source d’Internet
Dans le corps de khène fait de bois de Siam, sont insérés les 6 tuyaux de bambou vides dont un long et les cinq petits. Ils sont soigneusement arrangés en parallèle sur le corps du khène. La longueur des tuyaux détermine la hauteur de la note. Chaque tuyau est percé d’un trou pour jouer et muni d’anche libre (C’est une petite lamelle en métal, en vietnamien, on le dit « Lưỡi gà »). D’une manière générale, lưỡi gà est faite de cuivre. Pour avoir une bonne lamelle, il faut passer plusieurs étapes et beaucoup de temps. Les hommes H’Mong choisissent toujours des pièces de monnaies ou bien des cartouches pour la créer. Pour la faire étendre et affiler, ils prennent des pierres rugueuses.

(Khène, c’est un moyen pour exprimer le sentiment des hommes Hmongs), Photo: Source d’Internet)
La musique de Khène pénètre dans la chair des H’Mong. Le khène est lié étroitement aux rites religieux et aux évènements importants dans la vie des H’Mongs (foires, mariages, funérailles, etc) Les sons du Khène sont puissants comme la vie des H’Mongs. Lors que les H’mong sont heureux ou tristes, ils jouent du khène en mettant tout leur cœur et leurs émotions dans chaque note de musique et chaque danse. Les personnes âgées disent que le khène est l’âme des H’Mongs. Maintenir le khène, c’est aussi maintenir leur identité. Les garçons qui jouent bien du khène et dansent bien sont beaucoup aimés et séduisent tout le monde, surtout les filles. En effet, le khène est souvent emprunté par les jeunes hommes H’Mong pour exprimer leurs sentiments auprès de leurs amoureuses.
(Texte: GP Travel – N.H)